Emergence d’une société civile responsable à Tadjourah

La problématique de l’émergence et du renforcement de la société civile djiboutienne est aujourd’hui partie intégrante des discours et des répertoires d'action de l'ensemble des acteurs du développement, bailleurs de fonds ou autres acteurs non étatiques, qui sont unanimes quant aux enjeux qu’elle représente pour le développement et pour l'avenir de ce pays.

En effet, la « société civile » est invoquée à la fois comme diagnostic et comme remède à nos maux actuels, elle est brandie aussi bien par le pouvoir public que par des mouvements d’opposition ou par des institutions internationales d’aide au développement.

Mais un tel consensus cache des visions différentes de ce qu’est la « société civile » et, à travers cela, des rapports entre citoyens, action collective, marché et l’État. Il nous faut donc expliciter les visions de la société civile, les fonctions qu’elle peut jouer, son rôle dans les évolutions économiques, sociales et politiques du pays et il est nécessaire de débattre de la façon de travailler avec elle, des positions et stratégies d’action à mettre en œuvre pour son renforcement.

Egalement indispensable au développement local, incontournable pour la vie politique et socio-économique, l’intégration de la société civile est omniprésente dans les stratégies de lutte contre la pauvreté et ainsi que les politiques d’empowerment de l’ONU, la Banque mondiale et de l’union européenne.

Pour beaucoup, la société civile est conçue comme un contre-pouvoir apolitique et un partenaire efficient des pouvoirs publics, et de sa vitalité se traduit de la qualité de la vie démocratique.

Sans prétendre donner ici une présentation exhaustive du concept de société civile, il est néanmoins indispensable, pour discuter ensuite des enjeux de son renforcement et des stratégies qui en découlent, de savoir un peu mieux de quoi on parle.

Les définitions sont multiples : associations, tiers secteurs, acteurs non étatiques, organisations non gouvernementales, secteur non lucratif, etc. Dans certains pays, les entreprises en font partie et non les syndicats ; pour d’autres, c’est l’inverse. C’est pourquoi, la détermination de sa composition mérite un débat à large consensus afin de fixer les modalités de l’intervention de la société civile djiboutienne.

Ce débat citoyen met l'accent sur l'auto-organisation des citoyens et son caractère volontaire, tout en suggérant un champ ample et divers quant à ses formes d'organisation qui souligne que les relations de la société civile avec le système politique et l'État se font dans une perspective d'élargissement de l'espace public et d'affermissement de la citoyenneté tout en mettant l’accent sur l’élaboration du bien commun.

La société civile tadjourienne doit être un lieu d’expression de la diversité et de contradictions, pour faire émerger une conception d’un tiers-secteur, envisagé comme un ensemble relativement cohérent d’acteurs susceptibles d’établir avec le secteur public et le secteur privé lucratif des relations de partenariat dans le cadre du « développement participatif » et de la « démocratie participative ».

Nous en retiendrons quatre caractéristiques principales:

-en premier lieu la société civile de Tadjourah doit être créé sur une base volontaire par des citoyens visant à promouvoir leurs intérêts, leurs valeurs ou leur identité communs,

-secundo, elle doit s'articuler autour de la résolution des problématiques ou des intérêts d'une spécifique de la société,

-tertio, elle doit être indépendante des autorités étatiques et publiques, et enfin elle ne peut poursuivre de buts lucratifs.

La région de Tadjourah se trouve à un tournant décisif de son histoire car elle a de nouveau rendez-vous avec l'essor économique qu'elle a connu jadis.

Citoyens de Tadjourah! Levez-vous et retranchez vos manches...

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