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L’art du compromis

Auteur: Ali Barkat Siraj (La nation du 28 décembre 2015)

C’était un matin de décembre 1994. Des hommes en tenue de combat, à la barbe broussailleuse et aux cheveux hirsutes donnent l’accolade à des officiers des forces régulières. C’était quelques minutes après la signature de l’accord de paix et de réconciliation nationale du 26 décembre 1994 entre le FRUD et le gouvernement djiboutien. « Je jure devant Dieu et devant les hommes que les hostilités vécues jusqu’à présent appartiennent désormais au passé », venait de proclamer l’un des chefs rebelles, un certain Ougouré Kiflé Ahmed.

La guerre civile était donc terminée et le pays pouvait panser ses plaies et repartir d’un bon pied. L’unité nationale venait d’être sauvée et le pays pouvait respirer de nouveau. Cet accord historique a aussi lié le destin d’un mouvement, le FRUD, et celui d’un homme, un certain Ismaïl Omar Guelleh.

Ce dernier, alors âgé de 47 ans, venait de couper l’herbe sous les pieds de toute une génération de politiciens professionnels qui avaient siégé dans toutes les chambres de représentants depuis la loi-cadre de 1956, des citadins habitués aux coups tordus et qui, pour la plupart tiraient les ficelles de cette guerre fratricide.

Il avait, dans le plus grand secret, négocié avec les rebelles dans le désert du Gobaad, discuté du moindre détail de l’accord avant de conclure l’affaire par une mémorable cérémonie au palais du peuple.

Ce matin-là, ce quadragénaire que l’on voyait si peu dans les médias venait d’acquérir le statut d’artisan de la paix.

Lorsque, quatre ans plus tard, son parti le désigna pour briguer la magistrature suprême, l’équipe de La Nation fut forcée de constater que dans ses archives, il existait très peu de photos du futur président. L’homme ne s’affichait pas beaucoup. Quant à nous autres, de La Nation, nous nous sommes bien rattrapés depuis…

Paru dans « La Nation du 28 Déc. 2015 »

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